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Oui, il y a de la discrimination dans les métiers spécialisés!

Au Canada, les travailleurs issus d’une minorité visible sont systématiquement moins bien payés que les autres lorsqu’ils pratiquent un métier spécialisé (cuisinier, mécanicien, électricien, etc.). Selon une récente étude de Statistique Canada, l’écart de rémunération varie entre 6,25% et 21% en fonction de l’origine ethnique des travailleurs, les moins bien rémunérés étant les Sud-Asiatiques (Inde, Pakistan, Sri Lanka, etc.), dont le revenu d’emploi médian est de 51 900 dollars par an alors que celui des travailleurs ne provenant pas d’une minorité visible est de 65 600$ par an.

L’écart est de 20%, à 52 400$ par an, pour les Chinois; de 13%, à 57 100$ par an, pour les Latino-Américains ; et de 6,25%, à 61 500$ par an, pour les Noirs. La seule exception concerne les Philippins, dont le revenu d’emploi médian est de 67 000$ par an, et est donc légèrement supérieur à celui des travailleurs ne provenant pas d’une minorité visible.

Afin de tenter d’expliquer ces écarts «considérables», les deux auteurs de l’étude, Hyeongsuk Jin et Sophia Su, ont analysé en détail les données de Statistique Canada concernant l’éducation et le marché du travail au Canada, entre 2008 et 2017. Ils ont ainsi noté que les travailleurs issus d’une minorité visible — la plupart du temps, des immigrants — décrochaient souvent des emplois que les autres ne voulaient pas vraiment faire, n’étant pas particulièrement rémunérateurs.

Prenons le cas des Sud-Asiatiques. Ceux qui pratiquent un métier spécialisé sont beaucoup à être mécanicien de véhicules automobiles (14%), mécanicien de camions (8,5%), mécanicien de chantier (7,4%) ou mécanicien d’équipement lourd (1,7%). Le tiers (31,6%) des Sud-Asiatiques œuvrent donc dans la mécanique. Ce qui n’est le cas que de 13,4% de l’ensemble des travailleurs ne provenant pas d’une minorité visible.

Or, le site d’emplois Talent.com indique que le salaire moyen pour les emplois de mécanicien automobile est actuellement de 46 800$ par an au Canada. Et les postes de niveau débutant commencent avec un salaire annuel d’environ 42 100$. Des rémunérations qui sont loin du revenu d’emploi médian des travailleurs ne provenant pas d’une minorité visible, qui est, rappelons-le, de 65 600$ par an.

Autrement dit, les Sud-Asiatiques ont tendance à s’orienter vers certains métiers spécialisés (mécanicien, électricien, etc.) qui ne sont pas toujours payants, surtout lorsqu’on démarre en bas de l’échelle salariale. Et il en va de même pour les autres minorités visibles: nombre de Chinois sont cuisiniers; nombre de Noirs, mécaniciens de camions; nombre de Philippins, soudeurs; et nombre de Latino-Américains, charpentiers.

Bien entendu, ce phénomène concerne également les femmes. Les métiers vers lesquels elles s’orientent sont surtout ceux de la coiffure, du soutien en technologies de l’information, de la cuisine et de l’éducation de la petite enfance.

Le cas particulier du Québec

Au Québec, les travailleurs issus d’une minorité visible sont confrontés à une difficulté particulière: il s’agit de la province où il leur est le plus difficile de décrocher leur certificat permettant de pratiquer un métier spécialisé. Deux données de l’étude de Statistique Canada en attestent:

— 34% des travailleurs ne provenant pas d’une minorité visible ont obtenu leur certificat au Québec. Il s’agit du plus haut pourcentage du Canada, loin devant l’Ontario (24%) et l’Alberta (18%).

— Seulement 14% des travailleurs issus d’une minorité visible ont obtenu leur certificat au Québec. Ce qui est nettement moins que l’Ontario (44%), l’Alberta (21%) et la Colombie-Britannique (18%).

Par conséquent, le Québec attribue un grand nombre des certificats de métiers spécialisés, mais ceux qui les obtiennent sont avant tout les travailleurs ne provenant pas d’une minorité visible. À cet égard, l’Ontario semble être une province plus favorable à l’obtention d’une certification lorsqu’on est un travailleur issu d’une minorité visible.

Selon les auteurs de l’étude, à l’heure de la pénurie de main-d’œuvre dans les métiers spécialisés, politiciens et chefs d’entreprise auraient tout à gagner à «se soucier davantage de l’intégration dans le marché du travail des immigrants et des travailleurs issus d’une minorité visible». Ne serait-ce que pour une raison purement démographique: «Le Canada assiste à une vieillissement prononcé de sa main-d’œuvre, et sa croissance démographique provient aujourd’hui de l’immigration», est-il noté dans l’étude.

Source : les affaires, Olivier Schmouker, Publié le 15/11/2021

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