Roukya Abdi Aden.
Mis à l’arrêt pendant par la pandémie, le secteur est en train de repartir et des pénuries risquent de ressurgir. «Les employés qui ont été licenciés ne vont pas forcément revenir. Entre-temps ils se sont reconvertis et ont trouvé un autre travail», observe-t-elle.
Pour l’heure, il est impossible de dire quelles sont les provinces les plus affectées. Aux yeux de Roukya Abdi Aden, le phénomène touche indifféremment tout le pays.
Alain Dupuis constate de son côté que «plus on s’éloigne du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario, vers l’Ouest et le Nord, plus les entreprises ont de la misère à trouver des travailleurs qualifiés».
Départs à la retraite
La situation risque d’empirer avec le vieillissement de la population francophone hors Québec. «Dans les cinq prochaines années, on va faire face à une vague massive de départ à la retraite. Le nombre d’actifs va fortement diminuer», prévient Alain Dupuis.
«Démographiquement, nous n’aurons pas assez de travailleurs pour soutenir la croissance économique», complète Roukya Abdi Aden.
La covid est également venue aggraver la pénurie. Alain Dupuis note que «la crise sanitaire a mis en lumière les difficultés à combler les postes bilingues dans les hôpitaux et les centres de vaccination».
4,4% d’immigrants francophones hors Québec
L’immigration est «la clé» pour répondre aux urgents besoins de main-d’œuvre et ainsi maintenir «la vitalité et le poids démographique des communautés», selon Alain Dupuis et Roukya Abdi-Aden.
Mais favoriser l’immigration francophone hors Québec reste un défi. Le gouvernement fédéral tente depuis plusieurs années d’atteindre un objectif précis de 4,4% de nouveaux arrivants francophones hors Québec, cible renouvelée d’ici à 2023.
«On n’a encore jamais atteint cette cible», déplore Alain Dupuis.
Le système d’immigration extrêmement complexe auquel sont confrontés candidats à l’installation et entreprises canadiennes est l’une des principales embûches.
«Les employeurs, dont la majorité gère des moyennes et petites entreprises, sont effrayés. Ils ne savent pas comment naviguer entre les multiples programmes existants», affirme Roukya Abdi Aden.
La covid a exacerbé la pénurie de main-d’oeuvre
L’autre frein, ce sont les difficultés à obtenir des équivalences de diplômes et à intégrer des secteurs réglementés comme l’éducation ou la santé. «On doit travailler avec les ordres professionnels et les syndicats pour clarifier ces questions et faire avancer les choses», estime Alain Dupuis.
À ces problèmes endémiques s’ajoute le contexte sanitaire actuel. La covid a entraîné la fermeture des frontières et enrayé la capacité d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) à traiter dans des délais raisonnables les demandes en cours, provoquant de facto une chute importante de l’immigration.
Mis à l’arrêt pendant par la pandémie, le secteur est en train de repartir et des pénuries risquent de ressurgir. «Les employés qui ont été licenciés ne vont pas forcément revenir. Entre-temps ils se sont reconvertis et ont trouvé un autre travail», observe-t-elle.
Notre collègue Roukya est citée dans cet article… à lire!