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Estimation des populations francophones dans le monde en 2022

Introduction
L’exercice consistant à dénombrer les francophones est un exercice difficile, voire périlleux1. En effet, il n’existe pas de source de données unique permettant de fournir cette information. Les premiers rapports sur le sujet, réalisés par le Haut Conseil de la Francophonie (HCF, 1986, 1990 et 1999) et ensuite par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF, 2003, 2005 et 2007), se sont appuyés sur différents concepts afin de circonscrire les francophones dans leur ensemble.

La tentative initiale de dénombrement, entreprise au milieu des années 1980 par le HCF, différenciait les francophones de langue maternelle de ceux de langue seconde, les premiers ayant acquis le français dès l’enfance et les derniers ayant appris un minimum de français lors de leur scolarisation (HCF, 1986). Dans les rapports du HCF publiés à la fin des années 1980 et la fin des années 1990, ces deux catégories ont été remplacées par celles de « francophones réels » et « francophones occasionnels », ces derniers étant toujours estimés en majeure partie à partir des données de scolarisation (HCF, 1990 et 1999). Les « francophones réels » désignaient alors les francophones de langue maternelle, de langue seconde et de langue d’adoption alors que la catégorie des
« francophones occasionnels » permettait de souligner « les limites de l’usage ou de la maîtrise du français, par les circonstances ou la capacité d’expression »
(HCF, 1990, p. 29).

Ce n’est qu’au début des années 2000 que la catégorisation « francophone » d’une part et « francophone partiel » d’autre part a été utilisée, et maintenue par la suite (OIF, 2003, 2005, 2007 et 2010). D’après cette définition, est « francophone » toute « personne capable de faire face, en français, aux situations de communication courante » et « francophone partiel » toute « personne ayant une compétence réduite en français, lui permettant de faire face à un nombre limité de situations » (OIF, 2003, p. 15).

De 1985 à 2007, la principale source à la base des estimations consistait en un questionnaire d’enquête envoyé aux postes diplomatiques français et, à partir de 2002, aux représentants personnels des chefs d’États et de gouvernements membres de l’OIF (OIF, 2007). La question concernant le dénombrement demandait de préciser « l’estimation du nombre de francophones » selon les
catégories linguistiques examinées précédemment (OIF, 2007). Les diverses sources de données sur l’usage du français auxquelles les répondants avaient recours – s’il y en avait de disponibles – étaient surtout administratives (ministères de l’éducation et établissements scolaires) et académiques (universités, instituts statistiques et centres de recherche) (HCF, 1999).

Par ailleurs, plusieurs répondants ont qualifié leurs réponses de « chiffres donnés avec réserve » et ont précisé que ceux-ci étaient basés sur des « statistiques peu fiables » ou inactuelles (HCF, 1999, p. 340).

L’exercice de dénombrement des francophones effectué en 2010 pour les pays membres et observateurs de l’OIF a constitué un point de rupture avec les estimations précédentes (OIF, 2010). L’approche retenue s’appuie dorénavant sur l’utilisation d’un ensemble assez large de sources de données (recensements et enquêtes), produites par différents acteurs (principalement les instituts nationaux et régionaux de statistiques) et, surtout, sur un traitement de ces données à partir de différentes démarches méthodologiques adaptées au potentiel des sources et tenant néanmoins compte des limites qui leur sont inhérentes. Une longue section méthodologique a d’ailleurs été introduite dans le rapport de 2010 pour présenter certains des choix qui ont été arrêtés en ce qui a trait aux méthodes d’estimation retenues, mais également concernant les différentes sources de données qui ont été utilisées (OIF, 2010, p. 17-30). Précisons que l’utilisation de nouvelles sources
de données et d’approches méthodologiques novatrices avait conduit à éliminer la distinction entre « francophones » et « francophones partiels » pour de nombreux pays dans l’édition de 2010 (OIF, 2010) et que cette distinction a été totalement abandonnée pour l’édition de 2014 ainsi que pour la suivante, publiée en 2019 (OIF-Gallimard, 2019).

Enfin, rappelons qu’une attention particulière a été apportée aux estimations produites pour les pays du continent africain, là où la croissance démographique des francophones s’avère la plus importante (Marcoux, 2010, 2012, 2018 et 2020). Les travaux des chercheurs en accueil à l’ODSEF, dont la plupart proviennent des institutions nationales de statistique et des milieux scientifiques africains, ont été et continuent d’être d’un apport important pour les nouvelles estimations des francophones et il en sera assurément de même pour les années à venir2.

Cette note de recherche vise à présenter dans le détail les sources de données ainsi que les différentes méthodes – parfois directes, parfois indirectes – de mesure du nombre de francophones au sein de différents territoires (pays, États, etc.) pour l’année 2022. Évidemment, plusieurs éléments reprennent et prolongent la démarche méthodologique retenue en 2010 (OIF, 2010), puis, lors des deux éditions subséquentes (OIF, 2014 et 2019). Pour chacun des pays ou entités territoriales retenus, nous procédons d’abord à un inventaire des meilleures sources statistiques disponibles, pour ensuite développer une démarche méthodologique qui permet de proposer ce que nous considérons comme étant la meilleure estimation des populations francophones pour ce territoire. Dans plusieurs cas, l’effectif de francophones que nous proposons est issu du croisement de plusieurs sources et méthodes, puis, résulte de discussions approfondies entre les auteurs du document et avec différents spécialistes consultés.

Le présent exercice d’estimation s’effectue dans un contexte de pandémie de la COVID-19. Depuis la publication de l’ouvrage « La langue française dans le monde » (2019), l’obtention de nouvelles données a été largement compromis par ce contexte socio-sanitaire défavorable. Certains recensements ou projets d’enquêtes sociodémographiques ont été reportés compte tenu des obstacles
créés par les mesures pour freiner la pandémie de COVID-19, comme le révèlent certaines études menées par la Division de la statistique des Nations unies3. Ainsi, comparativement à nos travaux antérieurs, l’exercice 2022 reconduit plusieurs proportions de francophones établies antérieurement, puisque peu de nouvelles données sont disponibles. Certains pays commencent à mesurer les effets démographiques de la pandémie. Entre autres, les migrations internationales semblent être l’un des aspects ayant été particulièrement affecté par la pandémie. Du point de vue du dénombrement mondial des francophones et selon la disponibilité actuelle de données récentes, il est sans doute trop tôt pour mesurer un éventuel effet de la pandémie.

Après avoir présenté, dans la première partie, les principales sources mobilisées (recensements, enquêtes, questionnaires administratifs, etc.), nous décrivons dans la seconde partie, les démarches et les méthodes mises en œuvre pour estimer les effectifs de francophones en 2022. La troisième partie présente, parfois sommairement, parfois de façon détaillée, les calculs des proportions et des effectifs de francophones pour chacune des entités territoriales retenues.

Nous avons réparti les 88 États et gouvernements membres et observateurs de l’OIF en quatre grands ensembles territoriaux, qui occupent chacun une section du troisième chapitre de ce document. Nous avons consacré une cinquième section aux estimations concernant quelques pays « hors OIF » qui comptent sur leur territoire un nombre important ou une proportion non négligeable de francophones et pour lesquels nous disposons d’information de qualité. Enfin, dans une sixième section, nous présentons le bilan de nos recherches pour les 20
pays qui, selon les Nations unies, sont les plus peuplés en 2022.

Pour lire le document au complet, cliquez ici.

Source: Richard MARCOUX, Laurent RICHARD et Alexandre WOLFF (2022). Estimation des populations francophones dans le monde en 2022. Sources et démarches méthodologiques. Québec, Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone, Université Laval, Note de recherche de l’ODSEF, 177 p.

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